Hilda Boeglen

“Un jour nous recevons un manuscrit simplement intitulé Liva. Sur l’enveloppe, un nom: Hilda Boeglen. Elle n’a pas mis son adresse: elle est en fuite, avec Liva. Les souvenirs remontent en moi: il y a quelques temps, cette enseignante d’Aigle qui refusait de rendre l’enfant malgache accueilli dix ans plus tôt et bravait les tribunaux s’appelait Hilda Boeglen. Journaux, radio, télévision prenaient parti. Personnellement, je me demandais alors si la question de l’adoption interraciale, n’était pas une nouvelle fois mal posée. J’ouvre donc le manuscrit avec une certaine réserve. Très vite il m’emporte, me bouleverse. Hilda Boeglen ne nous apitoie pas sur son sort de mère nourricière, de mère, tout court, mais elle nous confronte au déchirement concret d’un enfant. Elle raconte avec toute sa force et sa passion comment ce déchirement, elle ne peut pas l’accepter. Elle défend Liva avec bec et ongles, contre ses «parents de sang» qui l’ont mis entre parenthèses, comme s’il n’existait pas pendant tant d’années, mais aussi contre les carences et les lâchetés des autorités, la superficialité et la prétention de travailleurs sociaux et de psychologues.”

Editeur d’en Bas, Lausanne. 1979. pp. 126

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